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Achenyo Idachaba-Obaro : Fondatrice de MitiMeth

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Eichhornia Crassipes, communément appelée jacinthe d’eau, est l’une des nombreuses espèces végétales aquatiques du bassin amazonien, son habitat d’origine. Partout ailleurs, la plante est considérée comme une mauvaise herbe envahissante qui peut endommager les écosystèmes, accroître la pénurie d’eau et nuire aux moyens de subsistance. Mais s’il existait un moyen de contrôler cette mauvaise herbe destructrice tout en créant des emplois dans certaines régions les plus pauvres du Nigeria ?

C’est exactement la question que s’est posée Achenyo Idachaba-Obaro, fondatrice de MitiMeth, en 2009. Née aux États-Unis de parents nigérians, Mme Idachaba-Obaro a passé beaucoup de temps au Nigeria avant de s’installer dans le pays à la fin des années 2000 pour créer une société de conseil en environnement. À l’époque, elle travaillait sur plusieurs projets avec des universitaires, cherchant comment récupérer les déchets pour en faire un usage bénéfique.

La jacinthe d’eau ne faisait pas partie du projet, mais lors d’un voyage à Lagos, elle a remarqué à quel point cette mauvaise herbe infestait les cours d'eau. Elle a également constaté que la plante étouffait les moteurs des bateaux de pêche dont beaucoup dépendent pour leur subsistance.

« C’est à partir de là qu’elle a cherché à comprendre comment la jacinthe d’eau pourrait devenir un atout bénéfique plutôt qu’une menace environnementale, et comment nous pourrions envisager des solutions à cette infestation, tout en créant des opportunités économiques », dit-elle.

Idachaba-Obaro souhaitait surtout que les communautés les plus touchées par l’infestation fassent partie de la solution et soient enthousiastes à l’idée d’y participer. Elle a donc entrepris de rechercher ce qui pouvait être fait avec la jacinthe d’eau. Elle s'est tournée vers les objets tissés, d’une part parce qu’elle aime les beaux produits fabriqués localement et d’autre part parce que cela permettrait aux membres de la communauté d’utiliser leurs mains, leur imagination et de faire preuve de créativité.

Afin de s’immerger dans le processus, Idachaba-Obaro s’est inscrite à un atelier de tissage avec quelqu’un qui travaillait avec une autre fibre naturelle.

« Suivre cette formation a été une excellente opportunité pour moi, car j’ai pu comprendre la fibre et ce que l’on pouvait en faire », dit-elle.

En novembre 2011, la société MitiMeth a été enregistrée et a commencé à établir des partenariats avec des institutions publiques et privées et des ONG afin de travailler avec les communautés et de les former à la récolte, à la transformation et au tissage. À partir de là, MitiMeth est passé d’une petite structure d'une seule personne à une équipe de 15 personnes à temps plein, avec 150 artisans à domicile à travers le Nigeria travaillant au tissage des produits. L’entreprise est également passée d’un chiffre d’affaires de 6 000 nairas à 20 millions de nairas, versés en salaire aux artisans au cours de la dernière décennie.

Il y a bien sûr eu des difficultés en cours de route. Outre les défis liés à l’infrastructure et aux liens avec le marché, Idachaba-Obaro a dû effectuer un important travail d’éducation. Cela vaut tant pour les artisans avec lesquels MitiMeth travaille, qui s’attendent parfois à gagner de l’argent du jour au lendemain, que pour les clients qui ne comprennent pas que la quantité de travail nécessaire à la fabrication des produits en détermine le prix. Elle souligne également que les décideurs politiques ne comprennent pas toujours l’économie créative et l’impact positif qu’elle peut avoir sur les économies rurales.

« Beaucoup de gens pensent que l’économie créative ne concerne que les films », dit-elle, « mais il y a beaucoup plus que cela »

Idachaba-Obaro insiste cependant sur le fait que le positif l'emporte largement sur tous les obstacles rencontrés. Certains de ces aspects sont notamment de véritables récompenses officielles, MitiMeth ayant reçu plusieurs prix et Idachaba-Obaro ayant été invitée à faire une présentation à la célèbre conférence TED. Mais, dit-elle, la plus belle récompense a été la possibilité de développer une économie de la création et de savoir que MitiMeth a aidé ses artisans à payer l’éducation d’un enfant, à mettre de la nourriture sur la table et à payer des soins médicaux.

« Ce sont des moments qui n’ont pas de prix », dit-elle.

Selon Idachaba-Obaro, Google a joué un rôle essentiel dans l’aventure de MitiMeth. En particulier, elle souligne que le programme « Get Nigerian Businesses Online » lancé par Google en 2011 a joué un rôle crucial dans le parcours de l’entreprise.

« C’est ainsi que nous sommes arrivés en ligne et que nous avons obtenu notre domaine, que nous utilisons encore aujourd’hui », dit-elle.

Le site Web est très important, car il ne raconte pas seulement l’histoire de MitiMeth mais fait également office de vitrine de commerce électronique, où les visiteurs peuvent acheter nos produits, depuis les accessoires (tels que les sacs à main) jusqu'à la papeterie et à la décoration intérieure, tous tissés à partir de jacinthe d’eau.

MitiMeth utilise également GSuite, qui, selon Idachaba-Obaro, s’est avéré crucial pour la collaboration entre les différents emplacements de l'entreprise.

« Google fait partie intégrante de notre parcours en termes d’adoption et de mise en œuvre de la technologie », dit-elle.

En fin de compte, selon Mme Idachaba-Obaro, le succès de MitiMeth résulte de la collaboration de nombreux acteurs.

« Nous sommes très reconnaissants envers notre famille, nos amis, nos clients et nos partenaires média », conclue-t-elle. « Nous sommes tous dans le même bateau, et chaque personne a joué un rôle essentiel dans notre parcours jusqu’à présent, et continuera à le faire à l’avenir. »

« Chez MitiMeth, nous transformons une plante aquatique envahissante en pièces délicatement tissées qui embellissent votre espace tout en créant une source de revenus pour les communautés locales. »

ACHENYO IDACHABA-OBARO, Fondatrice, MITIMETH

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