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Le Kintsugi, ou l'art de redonner vie aux objets cassés
Myriam Greff est l’une des rares spécialistes françaises de Kintsugi, un art ancestral japonais de restauration d'objets. Dans son atelier de Meaux, l’artiste offre une seconde vie aux objets décoratifs dont elle dore les fêlures. Un savoir-faire qu'elle a rapidement su mettre en valeur sur Internet.
“La première fois que j’ai vu du Kintsugi, j’ai trouvé cela très étrange”, sourit aujourd’hui Myriam Greff. A 36 ans, cette artiste installée à Meaux, en Seine-et-Marne, ne s’est pas immédiatement rendue compte que sa rencontre avec l’art japonais de la restauration d’objets allait profondément changer son métier et sa vie. En 2006, lors d’une visite au musée Guimet à Paris, le regard de cette restauratrice spécialiste de la céramique se pose sur une jarre cassée et recollée, dont les fissures apparentes sont comblées de laque dorée. Une méthode qui “va à l’encontre de tout ce qu’on nous apprend en Occident”, détaille Myriam Greff. C’est-à-dire “l’illusionnisme” : réparer les objets cassés en maquillant leurs fêlures, pour qu’ils aient l’air absolument intacts. “Le souci, c’est que ce type de restauration implique d’utiliser des produits toxiques, poursuit l’artiste française. Un bol restauré aura l’air neuf, mais il ne pourra plus servir de vaisselle. Le Kintsugi, c’est tout l’inverse. C’ est une invitation à assumer ses imperfections : plutôt que d’essayer de cacher ses défauts ou ses handicaps, il faut en faire une fierté”. Après des mois de recherche, Myriam Greff se lance à son tour, dans le plus grand respect de cette pratique minutieuse. “Je répare les objets exactement comme le ferait un laqueur de bois japonais”, confie la restauratrice.
Coup de pouce numérique
Lorsque Myriam Greff décide de lancer son atelier, courant 2010, son savoir-faire en Kintsugi est déjà sans égal en France. En ligne, l’artiste cherche à gagner en visibilité : “J’étais installée à Montluçon, dans l’Allier, se souvient Myriam. C’était un cadre très agréable mais j’étais très éloignée des cercles artistiques, et je peinais à faire connaître mon travail à mes potentiels clients.” Rapidement, l’entrepreneuse décide de s’intéresser aux outils numériques pour rencontrer sa clientèle. “J’ai commencé par me pencher sur les guides Google Adwords, pour mieux gérer ma publicité en ligne, et j’ai pu progresser ainsi de de façon autonome. Puis j’ai développé la page Google My Business de mon atelier qui m’a servi de vitrine en ligne et je me suis rapprochée des Ateliers Numériques de Google”. Avec l’aide de Pierre, son coach au sein des Ateliers, l’artiste a pu affiner et cibler pertinemment son audience en ligne, en ayant recours à Google Search Console. “Un des principaux enjeux, se souvient Pierre, était de mettre en avant le savoir-faire artisanal de Myriam. Lorsque nous nous sommes rencontrés, beaucoup d’internautes contactaient par erreur son atelier pour des initiations au Kintsugi. De ce fait, nous avons recentré son audience sur sa pratique artistique et ses compétences en restauration. Elle a ainsi pu apprendre à utiliser les bons mots-clés pour mettre en lumière son activité”.
Aujourd’hui, cette mise en lumière porte ses fruits d’après Pierre. “Myriam est passée de ‘je dois vendre’ à ‘je n'ai plus le temps de refaire mes stocks’. Ses campagnes en ligne sont à présent plus rentables et impactantes, ce qui lui a notamment permis de trouver son public. Un public qui n’a désormais plus de frontière. “Des personnes du monde entier me confient leurs objets brisés pour que je les restaure, confie-t-elle. D’où qu’ils viennent, ils s’intéressent à mon travail parce qu’il fait écho à leurs trajectoires de vie. La symbolique du Kintsugi étant très forte, il arrive fréquemment qu’ils se confient sur leurs propres fêlures. Les objets qu’ils m’apportent ont souvent beaucoup de valeur à leurs yeux, et j’aime comprendre pourquoi ils me contactent”. Alors que le Kintsugi se popularise, la restauratrice française fait office de pionnière : “Je suis très heureuse d’avoir participé à la popularité de ce savoir-faire en France. Plus il sera pratiqué, plus le regard que la société pose notamment sur le handicap sera bienveillant.”
Je suis très heureuse d’avoir participé à la popularité de ce savoir-faire en France. Plus il sera pratiqué, plus le regard que la société pose notamment sur le handicap sera bienveillant.
MYRIAM GREFF, FONDATRICE, ATELIER KINTSUGI