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A sa tête, une famille bordelaise à la démarche éco-responsable, capable de faire perdurer un savoir-faire unique, et d’accroître leur visibilité en ligne grâce au numérique
C’est une histoire de traditions. Depuis 1870, le Château Vieux Mougnac, situé à l’orée de Saint-Emilion, propose un vin respectueux de la terre. À sa tête depuis cinq générations, une famille de bâtisseurs : les Milhard-Bessard.
Aujourd’hui, Sylvie Milhard-Bessard évoque ses ancêtres paysans venus s’installer sur cette terre pour y pratiquer la polyculture avant d’y planter la vigne. Elle reprend la main en 1991, lors de l’expansion de l’agriculture intensive. Mais elle décide de ne pas emprunter cette voie, pour respecter la volonté de ses aînés : “J’ai vite compris que je gérais un patrimoine que l’on se devait de transmettre aux générations futures, et faire perdurer ce savoir-faire”. Elle poursuit : “Travailler en tant que femme à ce poste, cela était plutôt rare à l’époque. Il fallait assurer. En 2010, quand le label bio est devenu obligatoire sur tous les produits alimentaires issus de l\'agriculture biologique et fabriqués en Europe, mes enfants m’ont fait comprendre que c’était l’avenir. Nous avons obtenu la certification en 2012. C’est une belle histoire quand on pense que nos aînés faisaient du bio sans le savoir.”
Une stratégie numérique pour une nouvelle clientèle
Une vision locale et éco-responsable du travail de vigneron, ébranlée par la crise sanitaire et économique : “Nous avons perdu la majorité de notre clientèle habituelle. On ne pouvait plus recevoir au domaine, il n’y avait donc plus de vente aux particuliers. Nous avions l’habitude d’exposer lors des salons, cela est devenu impossible. Même chose pour les restaurants locaux (une dizaine d\'établissements autour de Saint-Emilion, ndlr).” Pour continuer à vendre “son produit de niche, qui ne se trouve pas dans les grandes surfaces”, Sylvie Milhard-Bessard mise sur le numérique. “La stratégie numérique n’était pas forcément au point, car nous travaillions localement, nous étions connus grâce au bouche-à-oreille. Mais nous avons compris qu’il fallait faire vivre ce lien avec tous nos clients. Les salons sont devenus virtuels et cela nous a amené une nouvelle clientèle, qui ne venait pas aux événements traditionnels. Cela a été un déclic pour moi.” En parallèle, le Château obtient l’aide de la Région et dispose désormais d’un chèque numérique qui lui permet de poursuivre cette transition : “Nous avons réalisé que notre e-boutique devait être retravaillée, qu’elle devait devenir notre vitrine et que nous devions la gérer en interne, sans passer par une plateforme coûteuse", souligne-t-elle.
“Le numérique fait vivre l’économie locale”
Et c’est grâce à une rencontre fortuite avec un employé de Google, lors d’une livraison à Paris, qu’une collaboration est née. “Par la suite, j’ai bénéficié d’un accompagnement personnalisé, avec Anne Burgot, coach Google des Ateliers Numériques. Grâce à ces sessions hebdomadaires d’une heure en visioconférence, nous avons pu développer notre site e-commerce, optimiser le référencement et parfaire l’utilisation de notre fiche d'établissement Google. Je vais également suivre prochainement une session de coaching sur les réseaux sociaux.” Selon elle, les résultats sont immédiats avec une augmentation des ventes : “J’étais familiarisée avec les outils numériques, mais j’étais consciente que nous n’étions pas au point. Nous avions deux fiches d'établissement Google, et cela n’était pas bien exploité. Nous avons pris le temps de rebâtir cette stratégie, notamment grâce à l’arrivée d’une jeune apprentie chargée du volet marketing et communication. Le fait que l'outil soit sans frais est un énorme avantage. Les fiches d'établissement Google permettent vraiment au client d’avoir toutes les informations nécessaires pour venir au Château."
Le nouveau site e-commerce a été lancé et les réseaux sociaux permettent désormais d’atteindre une clientèle plus jeune, et plus variée : “Il faut vraiment souligner que le numérique ne nous éloigne pas des clients et cela fait vivre l’économie locale.” Si l’horizon de cette année 2021 n’est pas encore dégagé, Sylvie Milhard-Bessard a déjà des projets : “Nous allons supprimer un hectare de vigne. Nous ne souhaitons pas avoir un grand domaine, nous voulons optimiser l’utilisation des terrains, pouvoir payer notre personnel et écouler nos stocks. Ainsi, nous pourrons accentuer cette vision d’une petite production éco-responsable. Il faut savoir s’adapter, je préfère avoir moins, mais bien faire.” Peut-être la devise du domaine depuis 151 ans.
J’ai vite compris que je gérais un patrimoine que l’on se devait de transmettre aux générations futures, et faire perdurer ce savoir-faire.
SYLVIE MILHARD-BESSARD, PROPRIÉTAIRE, CHÂTEAU VIEUX MOUGNAC